Phaléristique de la prise de la Bastille, par Jean-Marc Gohier
Phaléristique de la prise de la Bastille
Texte de la conférence présentée devant le Cercle Lyonnais de Numismatique
par Jean-Marc Gohier
11 février 2020
La phaléristique (dérivée du mot phalère) est une science qui a pour objet l'étude des ordres, décorations et médailles que ce soit dans le domaine militaire, civil ou religieux. Ces phalères remises aux légionnaires romains pour leurs actes de bravoure ou les campagnes auxquelles ils avaient participé victorieusement se portaient accrochées sur la cuirasse.
Ce sont eux qui sont eux qui sont à l’origine de l’étude qui suit. Mais revenons aux événements révolutionnaires.
La prise de la Bastille
Le matin du 14 juillet 1789, des miliciens se rendirent aux Invalides et s’emparèrent de 30 000 fusils. La rumeur se développa que de la poudre et des munitions étaient entreposées à la forteresse de la Bastille. Vers 13 heures des manifestants s’emparèrent du premier pont-levis de la forteresse, mais furent bloqués à hauteur du second. Peu de temps après, le sous-lieutenant Élie, venant des Invalides à la tête d’une colonne de volontaires armés et équipés de deux canons et d’un mortier, se joignit à l’ex-adjudant Hulin, arrivé de l’Hôtel de Ville avec un détachement de gardes-françaises. Leurs troupes parvinrent à menacer la grande porte de la forteresse en plaçant leurs deux canons près de celle-ci.
En voyant le danger, le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, décida vers 17 heures de capituler.
Arrestation de de Launay (détail)
Anonyme (musée Carnavalet)
Arrêté, il est rapidement massacré. La Bastille était ainsi tombée en quatre heures, l’action faisant 98 victimes et 73 blessés. Le même jour, l’hôtel de ville était aussi le théâtre d’évènements dramatiques. La foule se pressait devant le bâtiment et le prévôt des marchands, Jacques de Flesselle (ancien intendant de Lyon), sortit pour parlementer. Il fut abattu d’un coup de pistolet par un quidam qui disparut dans la foule.
Assassinat de Jacques de Flesselle
par Jean-Baptiste Lallemand ( musée Carnavalet)
Les têtes des deux hommes finirent la journée au bout de piques.
« C’est ainsi qu’on se venge des traitres »
Gravure anonyme 1789
Dans la prise de la Bastille il faut distinguer deux types d’acteurs : la Garde Française (régiment d’infanterie de l’armée royale) et la Milice bourgeoise (majoritairement composée d’artisans du faubourg St-Antoine).
La Commune de Paris, créée au soir du 14 juillet nomme Jean-Sylvain Bailly comme son premier maire. Elle va attribuer par reconnaissance aux « vainqueurs de la Bastille » deux récompenses différentes et spécifiques :
- la médaille d’or communale des gardes françaises,
- le diplôme de la couronne murale.
- 1) LA MÉDAILLE D’OR COMMUNALE DES GARDES-FRANÇAISES
Le Comité militaire de l’Assemblée communale de Paris, demanda le 5 août 1789, qu’il soit attribué une médaille d’or communale en faveur des Gardes-Françaises et des militaires ayant participé à cet événement historique. Cette médaille fut créée par l’arrêté du1erseptembre 1789 et remise à chaque titulaire accompagnée d’un brevet d’attribution. Elle récompensait les 64 hommes des deux sections du 3ème bataillon du régiment des gardes-françaises, ainsi qu’une quarantaine de soldats isolés appartenant à d’autres compagnies de ce régiment ou venant d’autres unités. Chaque récipiendaire est identifié au travers d’une liste officielle.
Le ruban:
L’arrêté du 1er septembre 1789 définit le ruban de la médaille des gardes-françaises, comme étant aux couleurs de la ville de Paris, avec deux larges bandes verticales, une bleue et une rouge, et de chaque côté un liseré blanc.
La médaille:
En forme de losange de 32 mm de hauteur sur 21 mm de largeur, aux angles pommetés.
Sur l’avers: des attributs brisés de geôlier, constitués par une chaîne coupée pendant d’un anneau, surmontant deux boulets et un cadenas ouvert rattaché au reste de la chaîne. L’ensemble était entouré par l’inscription « LA LIBERTÉ CONQUISE LE 14 JUILLET 1789 »
- Sur le revers : une épée, la pointe dirigée vers le haut, passait au centre d’une couronne mi-chêne, mi-laurier; l’ensemble étant entouré par un vers en latin du poète Lucain
« IGNORANT NE DATOS NE QUISQUAM SERVIAT ENSES »
(Ignorent-ils que les armes ont été données contre la servitude).
Médaille communale des Gardes Françaises
Lot 525, vente étude Conan, Lyon, mai 2019
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