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A / LUD·XV·D·G·FR·ET·NAV·REX  𓃥
 
Buste enfantin de Louis XV à droite, drapé et cuirassé, vu de trois quarts en avant. Marque d'atelier (𓃥) sous le buste.
 
R / SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM ❀ 1720
 
Deux L adossées sous une couronne. Lettre d'atelier sous les 2 L.
 
 
Valeur : 20 sols.
Cette livre est frappée sur un flan assez large et irrégulier. Rayure au revers en travers des 2 L.
Exemplaire recouvert d’une patine grise, plus marquée au droit qu’au revers.
 
 
Extrait du Gadoury blanc (édition 2018)
 
Cours légal 1 livre ou 20 sols tournois, fabriqué suite à l'édit du 4 décembre  1719. En réalité cette pièce ne resta pas longtemps à 1livre ; comme toutes les autres espèces du royaume, elle subit les avatars de la période de Law : monte à 1 livre 10 sols le 10 mars, redescends à 1 livre  sols 6 deniers le 1er mai,1 livre 5 sols le 1er juillet, 1 livre 2 sols 6 deniers le 16 pour remonter à 2 livres le 30 juillet, redescendre à 1 livre 5 sols le 1er octobre et à nouveau 1 livre le 1er décembre quand la monnaie fut démonétisée et Law déjà  congédié. Un arrêt du 13 janvier (1720) en autorisa la fabrication dans tous les ateliers du royaume mais ne fut point exécuté. Les ateliers de Metz, Reims et Bordeaux paraissent avoir reçu en janvier les matrices et poinçons pour y confectionner cette frappe qui n fut jamais effectuée. L'émission  d'une demi-livre avait été prévue  mais fut abandonnée sans même que les essais fussent fabriqués.
 
L'innovation avec la création de cette pièce était de plusieurs ordres. Elle était d'abord en argent fin, titre jamais atteint auparavant par aucune autre monnaie. Autre nouveauté, l'unité de compte qu'utilisaient les français depuis Charlemagne, alors qu'ils ne connaissaient réellement que les deniers, sous, testons, demi-francs et écus, se matérialisait dans une pièce spécifique. Son poids (3,739 g) traduisait cependant une sérieuse dévaluation par rapport aux 436g de la livre de Charlemagne et celle plus lourde encore (489g), de la "livre française" de Louis VI (1108-1137). Sous Louis XIV, la valeur théorique de la livre n'était déjà plus avant 1690 que de 9,047g d'argent fin à 916‰ et de 6,097 en 1709. 
 
L'appellation "livre de la Compagnie des Indes" peut induire en erreur : elle ne fut pas en effet fabriquée par elle mais pour son compte moyennant une avance de 50 millions de livres au Trésor et n'était nullement destinée aux colonies. Ensuite, dans le système de Law qui croyait quelque l'abondance de numéraire et croissance économique allaient de pair, il s'agissait de détrôner la monnaie métallique au profit de la monnaie-papier. La livre, à l'origine, devait être (avec la demi-livre avortée) la seule pièce d'argent utilisable dans es petits payements, pendant que le quinzaine d'or (lui aussi avorté) servirait aux moyens payements, les pièces de cuivre restant destinées au menu commerce.
 
En décembre 1719, la banque royale, établie le 4 décembre 1719, avait déjà émis pour 1 millard de livre libellés en écus, représentant sensiblement le montant du numéraire en circulation. Mais au cours du premier semestre 1720, l'émission de billets de 10 à 10000 livre s'accélère dangereusement pour atteindre 2 millards 696 millions lorsque l'édit du 21 mai 1720 vient réduire de moitié leur valeur. Parallèlement, une spéculation effrénée s'exerçait sur les actions de la Compagnie des Indes qui qui passaient de 500 à 20000 livres pour ensuite chuter vertigineusement à 9000 livres au printemps et à presque rien en juillet. Pendant ce temps, la livre d'argent n'avait pas eu le succès escompté. Pour une raison technique due aux difficultés d'affinage, seul Paris put frapper la nouvelle espèce et encore du 31 janvier au 30 mars seulement. Le petit numéraire manquant, on inventa le "petit louis" en mars 1720 après que la fabrication des 1/6è et 1/12è de Navarre fut de nouveau permise dès la fin janvier, qui supplantèrent alors le livre démonétisée le 1er décembre 1720.
 

Référence : G 296 Dr 770

Collection : Royales françaises XVIIIème siècle

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