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monnaie antique av jc ap grecque seleucos 1er nicator
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KINGS OF PERGAMON, Philetairos (282-263), Tetradrachm, diademed head of the deified Seleukos I right, rev. Athena enthroned left, resting right hand on shield before her, holding sceptre in left, bow on right, 16.99g (SNG France 1598; Newell, NNM 76, pl.10 and pl. 9.3). Obverse good very fine, reverse almost very fine, very rare. Provenance: B. Feierstein Collection, Numismatica Ars Classica Auktion 39 (Zurich), 16 May 2007, lot 57

Voici l'un des portraits monétaires hellénistiques les plus intéressants du monnayage grec. Il s'agit de Séleucos 1er Nikator (Le Vainqueur) fondateur de la dynastie séleucide. Cette monnaie fut frappée sans doute juste après son assassinat en 281. Emise par Phileitairos, gouverneur, puis premier dynaste, de Pergame, elle symbolise l'alliance de cet homme à Antiochos 1er, fils du défunt. Rappelons que lors de la dernière guerre des Diadoques (les Compagnons d'Alexandre le Grand) qui opposa Lysimaque et Séleucos, Philetairos trahissant le premier rallia le second en lui livrant la citadelle de Pergame et son immense trésor. Les modalités précises n'en sont pas connues mais, à l'issue de la victoire de Séleucos, Philetairos semble avoir acquis l'autonomie de son petit fief. Autonomie confortée par l'assassinat du roi et les priorités de son successeur.

Soucieux de se faire valoir auprès du fils, Philetairos a frappé ce bref monnayage célébrant Séleucos et reflétant tout à la fois sa fidélité et sa reconnaissance. D'ailleurs, les textes nous apprennent que suite à son assassinat par Ptolémée Keraunos, le corps de Séleucos fut racheté par Phileitaros à prix d'or (visiblement, le royal assassin, réputé pour son très mauvais caractère, avait décidé de le laisser sans sépulture poussant la rancune au maximum). Après l'incinération rituelle, les cendres de Séleucos furent envoyées à son fils qui les inhuma à Séleucie.

En tant que roi, Séleucos fut indéniablement un grand souverain. Intelligence, capacité à rebondir, opportunisme et courage sont indéniables. Il sut, lentement mais sûrement, jouer de toutes les alliances et de l'élimination progressive de ses rivaux pour affirmer son emprise sur un royaume qui, à la fin de son règne, couvrait quasiment toute l'Asie hellénistique et la Thrace. C'est en s'apprêtant à entrer en Macédoine que la mort le surprit. Il est vrai qu'ayant promis ce royaume à son allié Ptolémée Keraunos, il était imprudent de manquer à sa parole auprès d'un homme dont le surnom (Keraunos veut dire La Foudre) reflétait l'impulsivité et la violence.

Fondateur, donc, de l'un des grands royaumes héllénistiques, Séleucos avait commencé à faire parler de lui tardivement. Il ne faisait probablement pas partie des Compagnons proches d'Alexandre, comme Hephestion, Cratèros, Lysimaque ou Ptolémée. C'est à partir de la campagne des Indes, vers 327, qu'il est régulièrement cité. Il se distingue notamment lors de la bataille de l'Hydaspe contre le roi Porus. Au retour, en 324, il épousera la fille d'un grand satrape Perse, Apama, lors des célèbres Noces de Suze où Alexandre Le Grand fit marier des Macédoniens de haut rangs à des femmes perses dans une volonté de fusion des 2 peuples et cultures. 

A la mort du roi, il reçut un très haut commandement et fit partie de l'état major de Perdiccas, désigné comme Régent et tuteur du royaume. Sans rentrer dans les détails que l'on trouvera facilement ailleurs, il trahira Perdiccas, s'alliera avec puis contre Antigone Monophtalmos. Sera chassé de sa satrapie, rejoindra Ptolémée Lagos en Egypte. Reprendra sa satrapie, s'instituera Roi, puis mènera une campagne en Inde. Vaincra Démétrios Poliorcète, son ancien alliée et beau-père. Ayant assis son autorité et confié le gouvernorat de la partie orientale à son fils, il s'engagera dans un conflit contre Lysimaque, également un ancien allié, et, vainqueur, marchera sur une Macédoine acquise juste avant d'être assassiné.

C'est l'un de ces hauts destins que l'on ne peut qu'admirer. Les guerres de successions ayant suivies la mort d'Alexandre ont été marquées par la violence, les trahisons, les revirements de destins. Les plus connus et respectés des Diadoques ont vite disparus. Les morts naturelles sont quasiment l'exception. Seul Ptolémée Lagos, en Egypte, aura cette chance. Même si probablement apocryphe, on comprend la réponse lucide d'Alexandre sur son lit de mort à Perdiccas lui demandant à qui Il souhaite léguer l'Empire :"Au plus digne"....

Le visage sur cette monnaie reflète parfaitement l'homme Seleucos. La volonté sans faille, obstinée, avec ce menton en galoche et cette arcade profonde, froncée à l'extrème. La dureté, voir la violence, dans le regard de ce petit oeil, de cette crispation de la bouche qui tourne au rictus. C'est bien le visage d'un homme qui aura livré lui même des combats terribles, affronté en combats singuliers maints adversaires, trahi et assassiné de ses propres mains son général Perdiccas.

Il n'est pas beau ni physiquement ni moralement, mais au milieu de rivaux souvent très doués et tout aussi implacables que lui, il lui fallait déjà survivre puis conquérir et affirmer sa puissance et sa supériorité. Il aurait certes pu donner des leçons à Machiavel avant l'heure car la morale courante n'avait plus prise dans ces immenses conflits qui étaient aussi des luttes de personnalités. Patience, opportunisme, don à saisir l'occasion mais aussi lucidité dans son gouvernement et capacité à structurer son royaume définissent cet homme.

Un très beau portrait de lui, en bronze, a été retrouvé à Pompéi. Même s'il s'agit de la copie romaine d'un original grec disparu, elle confirme les traits physique de Séleucos avec ses bajoues marqués et cette agressivité tangibles. Notons la chevelure calquée sur celle d'Alexandre le Grand. Un autre buste à l'identification plus controversée, nous donne une vision du Roi en armes, cette fois plus idéalisée. Enfin, une monnaie frappée par son fils Antiochos nous apporte un deuxième portrait monétaire de grande qualité avec toujours cette "ferocitas" du visage.

Je regarde cette monnaie et j'essaie d'imaginer les dernières pensées de cet homme de 80 ans, quant à l'apogée de son pouvoir, le poignard l'atteignit. Quelle carrière, quelle ascension. Quelle leçon aussi sur la vanité du pouvoir.

 

Collezione : Séleucides

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