Médaille de la société de secours mutuels de la corporation des marins d’Antibes

Dès autres exemplaires vus en vente sur Internet, il s'avère que le ruban présenté sur cette médaille n'est pas conforme.

Les statuts de cette société de secours mutuels ont officiellement été déposés en 1861 sous le nom premier de “Secours mutuels des Capitaines Marins, Officiers Mariniers, Matelots et Ouvriers des Professions maritimes”. Mais très rapidement elle se fait appeler “corporation des marins d’Antibes” en regroupant les membres de la Marine Marchande, les petits pêcheurs indépendants, les patrons ou les employés. Toutefois, la société s’étend au-delà des gens d’Antibes mais uniquement de nationalité française en excluant donc les étrangers et les femmes qui, pourtant, jouent un rôle non négligeable au sein de la communauté.

Les statuts prévoient que les travailleurs de la mer, pour adhérer, doivent être âgés entre 16 et 80 ans. Néanmoins, il faut noter que tous les marins âgés d’Antibes ne sont pas membres de cette corporation, sélective.

L’article 7 des statuts de l’organisation stipule en effet, outre l’obligation de résidence à Antibes depuis au moins six mois, la nécessité d’être présenté par deux membres de la corporation et la possibilité d’être admis uniquement à la majorité des voix lors de l’assemblée générale (scrutin secret). Or, ces deux derniers éléments supposent nécessairement une intégration préalable au sein des membres : pour être admis, il faut déjà bien connaître les marins pêcheurs de l’organisation et en être apprécié, ce qui induit nécessairement des relations nouées sur une assez longue période. De plus, ce même article indique que, pour être admis, il faut justifier d’une bonne constitution par un certificat de l’un des médecins de la société. Or, un marin âgé récemment arrivé dans la ville aura moins de chances de remplir ces critères sanitaires qu’un marin présent à Antibes depuis plus longtemps et donc intégré plus jeune à la corporation. 

La Corporation des marins d’Antibes va assez loin dans la solidarité face aux accidents de la vie. L’article 13 (chapitre V) des statuts stipule que « les secours du médecin et les médicaments sont donnés aux sociétaires malades pendant tout le cours de la maladie » et cela pendant une durée pouvant aller jusqu’à un an. En cas de naufrage, une allocation de 50 francs est prévue « pour tout sociétaire, participant, navigateur, qui justifierait de la perte de ses effets pour reprendre la mer». Enfin, plusieurs articles font état du traitement prévu pour les infirmes et les incurables (articles 19, 20 et 21) mentionnant l’existence d’un secours financier possible pour « tout sociétaire réputé incurable ou devenu infirme avant l’âge exigé pour avoir droit à la pension » et la création d’un fonds de retraite . 

 A l’avers de la médaille figure une ancre avec l’inscription NOTRE DAME DE BON PORT. Chaque année, au mois de juillet, a lieu la procession millénaire de Notre-Dame de Bon Port, au cours de laquelle les marins antibois descendent pieds-nus le chemin rocailleux du calvaire en portant la statue mariale jusqu’à la cathédrale où son culte est célébré trois soirs durant par le chant des marins. Cette procession, organisée par la Corporation des marins d’Antibes, qui se présente comme l’une des plus anciennes corporations d’Europe , témoigne de l’attachement ancestral d’une ville à la mer et aux travailleurs qui y sont associés. 

Riferimento : Gens de mer à Antibes, fin XIXè - début XXè : portrait d’un groupe social par Laurie STROBANT professeure certifiée de l’Académie de Nice, diplômée de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon.

Collezione : FRANCE - ASSOCIATIVES ACTIONS DE SOLIDARITE ENVERS AUTRUI