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26,5mm
11,1g
+ AVE MARIA : GRACIA : PLENA :. DOMIN
Ave Maria, Gratia Plena Dominus Tecum
"Je vous salue, Marie pleine de grâces"
Ange de face tenant une targe herminé entre ses mains.
+ SIT NOMEN : DOMINI : BENEDICTVM fleur
"Que soit béni le nom du Seigneur"
Croix feuillue et tréflée polylobée en cœur, accostée de quatre mouchetures d'hermine dans un polylobe ogival anglé.
Références :
Publicité dans les annales de la SBNH 2003
Musée Dobrée : numéro d'inventaire N-5647-1 - "jeton de la cathédrale de Nantes (?) du XV e siècle servant à la distribution proportionnelle des revenus entre les chanoines"
Yves Coativy - La monnaie des ducs de Bretagne de l'an mil à 1499 :
"Un hypothétique monnayage d'or avant 1420
La question des monnaies d’or de Jean IV et Jean V est un problème récurrent, et le scepticisme de certains chercheurs s’explique par le fait que deux monnaies d’or au moins sont mentionnées par les sources, mais n’ont pas été retrouvées. Le compte de Jehan Mauléon mentionne des vieils moutons, sans précision d’origine. Par une interprétation hasardeuse, P. Soullard a fait d’une monnaie trouvée en Charente-Maritime une pièce bretonne, mais H. Bordeaux remit rapidement en cause l’attribution, et la rendit au monnayage brabançon.
Le dossier est un peu plus fourni pour l’ange d’or. Un inventaire de 1450 décrit « une pièce d’or ronde, ou a ung ange d’un cousté, et une teste d’aultre». Si la monnaie n’a pas été retrouvée, nous connaissons un jeton, publié dans le Livre doré de la ville de Nantes. Il représente un ange qui tient dans les mains un tissu semé d’hermines posées 3 3 3, en forme de targe. La légende est originale : + AVE MARIA (deux croisettes) GRACIA (deux annelets) PLENA (trois points) DOMIN. Le motif du revers est classique, puisque c’est à peu de chose près le revers de l’écu des ducs François Ier et François II. La légende est elle aussi traditionnelle : + SIT NOMEN (deux croisettes) DOMINI (deux annelets) BENEDICTVM (fleur). L’objet est en plomb, de forte épaisseur si on en juge par le dessin, et pourrait aussi bien être un piéfort de la pièce. Le musée Dobrée en abrite un autre exemplaire, en laiton. Plusieurs arguments militent en faveur de la monnaie. La pièce reproduite se rattache plus à un type monétaire caractéristique qu’à celui d’un jeton, aux légendes plus fantaisistes et marquées par l’usage. La formule mariale est originale dans le monnayage breton, un peu surprenante compte tenu du motif de la monnaie, mais elle est connue ailleurs. Enfin, les éléments de ponctuation sont ceux que l’on retrouve sur les blancs aux neuf hermines de Jean IV et Jean V. Si on en juge par le commentaire du timbre d’or, l’ange est plus petit, sans pour autant que l’on sache la taille de l’une ou de l’autre pièce. Le module du jeton est de 28 mm, un de moins que le salut. Le roi et d’autres princes ont émis des monnaies avec ce motif, comme Philippe VI, Henri VI, Philippe le Hardi en Flandre, et en Aquitaine Henri VI. L’attribution de cette pièce à la deuxième moitié du règne de Jean IV ne pose pas de difficulté : il pourrait difficilement s’agir d’une monnaie de la guerre de Succession, marquée par l’imitation des pièces royales ou flamandes. Par ailleurs, le trésorier en 1450 n’a pas le souvenir d’avoir utilisé cette monnaie. Elle se place donc entre 1364 et 1420, date à laquelle Jean V émet les florins au cavalier.
D’après la légende de l’avers inspirée de l’Annonciation, l’ange n’est autre que Gabriel, le messager préféré de Dieu. Qu’il tienne un tissu orné des armes de Bretagne relève de la même symbolique que la légende duc par la grâce de Dieu. Le duc tient son pouvoir de Dieu, lequel lui délègue Gabriel pour porter ses armes. La symbolique bretonne ne dit cependant pas un mot sur ce sujet. Le seul personnage mythique lié aux hermines de Bretagne est Agricor le beau géant : il figure dans le plus ancien des armoriaux arthurien et porte un blason d’hermine plain, mais il reste difficile d’expliquer pourquoi. Par contre, le motif de la pièce reprend pour ainsi dire la gravure de Bouchart (début xvie siècle) où l’on voit la Vierge protéger Arthur de son manteau herminé. L’ange est aussi fréquent dans l’héraldique ducale, à l’époque de Jean IV, puisqu’on retrouve l’archange saint Michel tenant l’écu breton sur des contresceaux du duc. La représentation de l’archange est éloignée de celle de la pièce, mais très proche de l’ange d’or de Philippe VI. Saint Michel est figuré terrassant le dragon. Il le transperce de sa haste au sommet cruciforme, qu’il tient de la main droite. Au bras gauche, il porte l’écu breton semé de mouchetures d’hermines. Le thème de l’ange porte-écu est aussi présent dans les heures de Pierre II. Dans le missel des Carmes de Nantes, l’archange Gabriel protège la duchesse Jeanne de France, épouse de Jean V, et ses filles. Pour Christian de Mérindol, il évoque l’Annonciation, mais relève surtout de la symbolique de la Maison de France. Nous restons donc bien dans le cadre de la symbolique ducale, où cette monnaie a parfaitement sa place. Il faut attendre désormais qu’un trésor nous en livre un exemplaire…
Le document qui fait allusion à l’ange d’or évoque aussi une autre monnaie d’or : « Une autre plus grande pièce ou à devers la croix quatre hermines et de l’aultre part ung timbre. » Si la description du revers est conforme à ceux des monnaies d’or de cette époque, l’avers laisse perplexe. Il est difficile de savoir ce que recouvre exactement ce timbre. Au Moyen Âge, le timbre est un terme de pelletier et peut évoquer une peau d’hermine. Le timbre peut aussi évoquer le heaume dont un écu est surmonté, mais ces deux hypothèses ne nous apportent pas de solution avérée. Il pourrait alors s’agir du heaumez cité dans le compte de Jehan Mauléon, entre 1414 et 1422. Tout au plus peut-on remarquer que cette pièce est plus grande que la précédente. En définitive, si les monnaies d’argent sont plus faciles à situer et à expliquer parce qu’elles ont été retrouvées, les monnaies d’or gardent encore leur part de mystère, malgré une documentation plus large mais d’interprétation d’autant plus difficile que les pièces de référence restent à inventer."
Collezione : Jetons du duché de Bretagne