13- L'atelier monétaire de Poitiers (1422-1540)
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Repères chronologiques de l'atelier monétaire de Poitiers, de ses maîtres particuliers et de leurs différents, de Charles VII jusqu'à François Ier. Depuis 1389, le différent de cet atelier est le point ou annelet 8ème.
André CHAILLE (1423-1424) - Ouvrage: écus d'or, blancs et doubles tournois. En 1422 et 1423, les monnaies de l'atelier de Poitiers portent, en plus du point 8°, un P final.
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Pierre de HAUTETERRE (juin-août 1427) - Ouvrage: écus d'or, blancs et petits blancs (demi-florettes), deniers tournois.
Exemple d'une demi-florette frappée durant l'été 1427:
Coll. perso
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Poitiers fut l'un des ateliers les plus réguliers du règne de Charles VII: chaque type ou presque y a été frappé, et beaucoup ont été retrouvés. Néanmoins, les textes ne mentionnent ni les maîtres de cet atelier, ni leurs productions. La situation perdure jusqu'à la fin du règne de Louis XI.
Sur certains blancs aux couronnelles de Charles VII (1ère ém., 1436-1447, Dy 519), on trouve un point après la croisette initiale, ou un point après la 1ère lettre, avers et revers; ces marques sont à déterminer:
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Hilaire BOISLEVE (BOYLEVE) (1479-1506) - Echevin et maire (1496-1497) de Poitiers, il semble que son père fut maître de l'atelier (en 1446). Nommé par le Roi pour 3 ans1, sa maîtrise fut disputée, en 1480, par Gervais Johanneaux, qui a été nommé maître par les gardes de l'atelier (celui-ci sera dès l'année suivante maître de l'atelier de La Rochelle). Hilaire Boilesve est prolongé en 1483 par Charles VIII, pour quatre ans2, puis en 1495 pour neuf ans.
Son différent se retrouve sur les monnaies de la fin de règne de Louis XI, et sur celles frappées à partir de 1488 (blanc aux couronnelles, dizains karolus): un oiseau en début de légendes (canette ou merlette): . Les monnaies de Poitiers du début de règne de Charles VIII ne portent pas de marques.
Il connût de nombreux déboires avec la justice:
- En février 1486, il écope d'une première amende de 25 livres pour écharceté de loi sur deux délivrances d'écus au soleil, émis en décembre 1485
- En juillet 1489, après des erreurs de poids sur son ouvrage de dizains karolus, on lui ordonne de les refaire à ses frais
- En mars 1502, 10 livres d'amende pour une nouvelle écharceté de loi sur des écus d'or au soleil (émis en 1498-1499); il doit en outre changer de différent et casser les fers à ses frais
- En mars 1503, 10 livres d'amende pour écharceté de loi sur deux délivrances d'écus d'or au soleil (ouvrés en 1499-1500 et 1500-1501); injonction de changer encore de différent: une barre finale:
- Janvier 1506, première comparution (avec les gardes Abel Chasteignier et Jean Gaillandon) en la chambre des monnaies pour écharceté de loi sur des écus d'or; injonction (février) de prendre "un nouvelle différence, laquelle sera mise et apposée ès fers, sur lesquelz se feront les deniers d'or": "a prins pour nouvelle différance une petite cocquille à icelle mectre ou lieu où soulloit estre la barre qui estoit sa différence précédente":
- Avril 1506, deuxième comparution; on lui impose une amende de 500 livres tournois, en plus des frais du procès qui restent à sa charge
- Mai 1506, troisième comparution, avec les gardes Abel Chasteignier et Hilaire Coustures: comme leurs confessions varient, ils sont enfermés à la Conciergerie du Palais. En juin, il est décidé de soumettre le maître Boislève et le garde Chasteignier à la question et torture, pour savoir si les 'mauvais' écus proviennent d'un ouvrage fait à part
- Août 1506: le maître Hilaire Boislève doit passer à la question, mais même lié sur la table et sous la menace du feu, celui-ci nie être à l'origine de la délivrance d'écus d'or incriminées, ou d'en avoir donner l'ordre au garde Chasteignier
- Août 1506: condamné à 600 livres d'amende, privé de la maîtrise de l'atelier de Poitiers, et de toutes autres maîtrises également. Il restera échevin de la ville de Poitiers jusqu'à sa mort
Sous sa maîtrise, de 1494 à 1498, ont été frappés des écus d'or avec la croix du revers cantonnée d'un P et d'un T (D576):
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Savinien BOUTIN (1506-1507) - Nommé par le Roi en décembre, pour 3 ans3. Il fut en opposition avec le maître suivant dès janvier 1507.
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Richard ESCOUART (ESCOUAULT) (1507) - En opposition avec Savinien Boutin dès janvier 1507, et mentionné comme maître de l'atelier en décembre 15074. On trouve des écus d'or au soleil avec un R final; comme ce type a été remplacé en novembre 1507 par les écus au porc-épic, il s'agit vraisemblablement du différent de Richard Escouart:
Ouvrage: écus d'or au soleil, douzains.
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En février 1508, on suspend l'activité de l'atelier, jusqu'à la Toussaint; le Roi le rouvrira finalement en janvier 1510, avec les mêmes officiers qui le dirigeaient avant sa fermeture5.
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Guyon BONNET ou BRUNAY (1511-1522) - Nommé pour un an6, associé à Antoine d'Alençon, puis prolongé seul. Ouvrage: écus d'or au porc-épic, douzains, dizains ludovicus, deniers tournois.
Pas de différent répertorié; néanmoins certains écus d'or au porc-épic de Louis XII et certains écus d'or au soleil de françois Ier portent deux petits points en cantonnement de la croisette initiale, ce qui pourrait donc être la marque de Guyon Bonnet
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Laurent de CHENEVELLES (1523-1532) - Nommé pour 6 ans7, puis prolongé. Ouvrage: écus d'or au soleil, testons et demi-testons, douzains, deniers tournois.
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Guyon BRUNET (1532-1533) - Commis par les gardes8. Ouvrage: écus d'or au soleil, testons et demi-testons, douzains, deniers tournois.
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Jean de La ROCHE dit de Jouhe (1533-1540) - Commis pour un an par les généraux maîtres, puis prolongé; sa maîtrise continuera jusqu'en 1543.
Son différent: un R en fin de légendes9:
Ouvrage: écus d'or, testons et demi-testons, douzains, dizains franciscus, deniers tournois.
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On trouve un autre différent sur des monnaies de François Ier, que certains attribuent à Jean de La Roche; il s'agit plutôt de la marque de Guyon Brunet ou de Laurent de Chenevelles: une barre (ou un grand I) en fin des legendes
Suite des maîtres de Poitiers, voir Franciae IV
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1- F. de saulcy, Recueil de documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par les Rois de France, tome III, page 289
2- idem, page 299
3- F. de saulcy, Recueil de documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par les Rois de France, tome IV, page 77
4- idem, page 89
5- idem, page 109
6- idem, page 115
7- idem, page 204
8- idem, page 277
9- idem, page 285