Les représentations monétaires de la Vierge Marie, par Jean-Philippe Perret

Les représentations monétaires de la Vierge Marie

Texte de la conférence présentée devant le Cercle Lyonnais de Numismatique

par Jean-Philippe Perret

8 octobre 2013

 

Plus que toute autre personne du Nouveau Testament, Marie est la plus représentée sur le monnayage européen, en particulier de part et d'autre du croissant baroque qui va de l'Italie du sud à la Transylvanie, de l'art de Byzance au gothique en passant par le baroque, les représentations monétaires mariales reflètent la diversité des effigies créées depuis plus de 1500 ans. Sur cette vaste question, voici un résumé en présentant les plus grands traits...

(abrégé de la conférence et de l'article, initialement réalisé pour le site d'Aquilex Antiquités paru en trois parties dans les numéros 452-453-454 de Numismatique et Change).

1 Très tôt dans l'histoire de l'Eglise, la Vierge Marie tînt un rôle important concrétisé par le concile d'Ephèse (431) l'instituant mère du Rédempteur, et de ce fait, lui donnant un grand pouvoir d'intercession : si on parle de dulie pour le culte de saints, on parle d'hyperdulie pour évoquer son culte qui l'apparente presque à un membre supplémentaire de la Trinité. Son culte se répand très vite dans les Eglises d'Orient, après une période de repli lors de la crise iconoclaste, elle revient au premier plan en 843, et c'est à la fin du IXe siècle que la Vierge est représentée pour la toute première fois sur une monnaie de l'Empereur byzantin Léon VI (886-912). Cette représentation peut paraître déconcertante, apparaissant à mi-corps avec les bras levés, paumes ouvertes. Celle-ci est inspirée de la figure de la piété utilisée dans l'antiquité romaine, qui inspira la Vierge des Blachernes, une des icônes les plus vénérées de l'Empire Byzantin. Cette figure domina largement le monnayage d'argent byzantin des Xe et XIe siècles, les miliaresions. Elle fut également employée sur les monnaies d'or émises par la dynastie Paléologue après la reprise de Constantinople en 1261, représentée au milieu d'une enceinte crénelée, renforçant son rôle de protectrice de la ville.

illustration 1

Solidus de l'empereur Léon VI (886-912) frappé à Constantinople. Ex Nomos

 

2 Au début du Xe siècle, Marie est aussi représentée sur l'or couronnant l'Empereur, ou tenant avec lui la croix patriarcale. Elle apparaît aussi avec son fils dans une représentation caractéristique, dite de la « platytera ». Jésus est en effet représenté en son sein, comme sous forme de médaillon sur la monnaie. Les représentations en couleurs des mosaïques et des fresques montrent que ce médaillon est en fait le ciel même, renforçant ainsi l'essence divine de la mère du Rédempteur dont les entrailles sont considérées comme plus grandes que le ciel (traduction littérale de platytera), pour avoir porté Jésus en son sein d'après la liturgie de saint Basile. Elle peut être représentée à mi-corps avec les bras levés comme pour la Vierge des Blachernes, ou tenant la représentation de Jésus en main, cette dernière pouvant figurer en trône. Les représentations plus habituelles de la Vierge à l'enfant sont très rares sur le monnayage byzantin, mais elles vont devenir dominantes en Europe occidentale.

Miliareson de l'empereur Basile II (976-1025) frappé à Constantinople.

Ex Künker

 

illustration 3

Peinture murale présentant la Vierge « Platytera » du monastère d'Abel Vissani (Grèce). Art post-byzantin, école de la famille Chionade (1770)

 

illustration 4

Aspron trachy de Manuel Ier Comnène (1143-1180) montrant la Vierge couronant l'empereur. Ex C.G.B

 

illustration 5

Aspron trachy de l'empereur Isaac II Ange (1185-1195) montrant la Vierge assise sur un trône. Ex C.G.B

 

3 Un follaro du duc Roger de Sicile frappé vers 1066 montre pour la première fois la figure classique de la Vierge à l'enfant assise sur un trône. Du XIe au XIIIe siècle, le culte marial se répand en Europe occidentale, suscitant la création de nombreux types monétaires. Les plus marquants sont le monnayage d'argent de Pise en Italie et de l'Evêché de Clermont Ferrand en France à travers deux images différentes, une Vierge à l'enfant, une madone à Pise représentée ou à mi-corps ou trônant, et une effigie couronnée en Auvergne qui suscita de nombreuses imitations en France.

illustration 6

Grosso de Pise, mi XIIIe siècle. Ex Künker

 

illustration 7

Denier de Clermont, XIIsiècle. Ex Monnaies d'antan

 

Ci-dessous le lien vers notre site pour lire l'article complet :

https://www.cerclelyonnaisnumismatique.eu/p/VMarie.html

 

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