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DENYS
LXXI. 1. Parmi le grand nombre de boucliers que, soit les Saliens portent eux-mêmes, soit que leurs domestiques portent suspendus à des perches, ils disent qu'il y a un qui est tombé du ciel et qui a été trouvé dans le palais de Numa, alors que personne ne l’avait apporté et qu’aucun bouclier de cette forme n’avait encore jamais été vu par les Italiens; et pour ces deux raisons les Romains conclurent que ce bouclier avait été envoyé par les dieux.
2. Ils ajoutent que Numa, voulut qu’on l’honore en le transportant à travers la ville les jours de fête, porté par les jeunes gens les plus distingués et que des sacrifices annuels lui soient offerts, mais en même temps craignant, soit une conspiration de ses ennemis, soit sa disparition par vol, il fit exécuter d'autres boucliers ressemblant à celui qui était tombé du ciel. C’est l’artisan Mamurius qui exécuta ce travail; c’est pourquoi, en raison de la ressemblance parfaite des d'imitation faites par des mains humaines avec le bouclier envoyé par les dieux celui-ci passait inaperçu et il était difficile à distinguer pour ceux qui auraient essayé de le voler.
3. Le fait de danser à la façon des Curètes était une tradition nationale chez les Romains et était fort considérée par ceux-ci, comme je le déduis de beaucoup d'autres indices et particulièrement de ce qui se passe dans leurs cortèges dans le cirque et dans les théâtres. Dans tous ces spectacles, on voit défiler des jeunes hommes revêtus de tuniques élégantes, de casques, d’épées et de boucliers. Ce sont les chefs du cortège et sont appelés par les Romains ludiones, du nom d'un jeu dont les Lydiens semblent avoir été les inventeurs; ces ludiones n’ont qu’une vague ressemblance, à mon avis, avec les Saliens, puisque, contrairement aux Saliens, ils ne font aucune des choses caractéristiques des Curètes à savoir leurs hymnes ou leurs danses. Et il fallait que les Saliens soient des hommes libres, nés à Rome et que leurs pères et leurs mères vivent encore alors que les ludiones pouvaient être de n'importe quelle condition. Mais à quoi bon en dire plus sur ce sujet?
PLUTARQUE
Voici à quelle occasion Numa institua les prêtres Saliens. La huitième année de son règne, une maladie pestilentielle, qui courait par l’Italie, vint aussi fondre sur Rome, et jeter le peuple dans la consternation. Mais un jour, dit-on, il tomba du ciel, entre les mains de Numa, un bouclier d’airain ; et le roi s’empressa de débiter, au sujet de ce bouclier, des choses merveilleuses, qu’il prétendait tenir d’Égérie et dés Muses. Elles lui auraient dit que cette arme était envoyée pour le salut de la ville ; qu’il la fallait garder avec soin, et en faire onze autres semblables et pour la figure, et pour la grandeur et la forme, afin que ceux qui voudraient l’enlever ne pussent reconnaître, parmi les autres, le bouclier tombé du ciel. Le lieu où il était tombé, avec les prairies qui l’environnaient, devaient, ajoutait-il, être dédiés aux Muses, car c’est dans ces prairies qu’elles venaient si souvent le visiter ; enfin la source qui arrosait cette campagne serait consacrée aux Vestales : chaque jour elles iraient y puiser de l’eau, pour arroser et purifier leur temple. La cessation subite de la maladie fit ajouter foi à ces discours. Numa, tenant en main le bouclier, invita les artisans à essayer d’en faire de semblables. Tous désespérèrent d’y réussir, excepté Véturius Mamurius, un des plus excellents ouvriers, qui en imita si bien la forme et le contour, et qui fit les onze autres si semblables, que Numa lui-même ne pouvait plus distinguer le premier. C’est pour les garder et pour en prendre soin, que Numa institua les prêtres Saliens. Ce nom de Saliens no vient pas, comme quelques-uns l’imaginent; 159 d'un Salius de Samothrace ou de Mantinée, inventeur de la danse armée, mais plutôt de la danse même des Saliens (30), de ces sauts qu’ils font lorsqu’au mois de mars ils portent en procession ces boucliers sacrés dans les rues de Rome, vêtus d’une tunique de pourpre, de larges baudriers d’airain, un casque d’airain sur la tête, et faisant retentir les boucliers, en les frappant du plat de leurs courtes épées. Leur danse consiste surtout dans le mouvement des pieds : ce sont des pas gracieux et variiés, des tours et des retours rapides et cadencés, qu’ils exécutent avec autant d’agilité que de, vigueur.
Les boucliers en question sont appelés anciles, à cause de leur forme. Ce n’est ni un rond parfait, ni, comme pour les boucliers ordinaires, un contour régulier : c’est une ligne sinueuse brisée, dont les portions courbes se joignent les unes les autres par l’extrémité, et qui donne au bouclier une coupe échancrée (31). Peut-être aussi ce nom vient-il du coude (32) autour duquel on les porte. Ce sont les étymologies que donne Juba, lequel veut à toute force dériver le mot ancile de la langue grecque. Le premier ancile pourrait bien avoir reçu son nom de sa chute d’en haut (33), ou de la guérison (34) des malades, ou de la fin de la sécheresse (35) ou de la suspension du fléau (36) ; de même que les Dioscures ont été appelés Anaces par les Athéniens (37). Voilà ce qu’on peut dire, si l’on tient à ce que le mot vienne de la langue grecque. Mamurius eut, dit-on, pour récompense 160 de son habileté, l’honneur d’être nommé dans le cantique que chantent les Saliens pendant leur danse armée. D’autres prétendent que, dans cet hymne, il ne s’agit pas de Véturius Mamurius, mais qu’il y a veterem mernoriam, c’est-à-dire ancienne mémoire (38).
Reference : RIC 736a
Source : http://numismatics.org/ocre/id/ric.3.ant...
Collection : Romaines diverses